Présentation de l’ouvrage « Féminicides en Algérie »

Le siège du réseau Wassila à Alger a abrité, samedi 25 novembre 2023 (Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes), une conférence de presse de Féminicides Algérie – Projet féministe qui vise à recenser les féminicides ainsi qu’à alerter et sensibiliser la société civile et les politiques sur cette question –, à l’occasion de la parution de l’ouvrage Féminicides en Algérie. Rapport sur les meurtres des femmes et des filles 2019-2022. Le rapport, réalisé par Wiame Awres, Narimene Mouaci Bahi et Lila Bouchenaf (fondatrices du projet), et édité par les éditions Motifs, « met en lumière les mécanismes des féminicides en Algérie et propose des pistes de réflexion sur les mesures à prendre pour les prévenir », indique-t-on dans l’ouvrage.

Ce premier rapport publié en langue française et dont la traduction arabe est en cours, « a pour objet, précise-t-on, de documenter et analyser les féminicides recensés dans le cadre du projet Féminicides Algérie. Le recensement s’effectue à travers une recherche quotidienne dans la presse et sur les réseaux sociaux. L’étude est fondée sur les données recueillies au cours de la période 2019-2022, et en s’appuyant pour l’analyse sur des cas antérieurs. »

Le rapport indique qu’un total de 228 féminicides a été dénombré. « Les données ont pu révéler que les féminicides sont commis majoritairement par des personnes connues des victimes avec lesquelles elle entretenaient un lien : 51% des féminicides sont commis par le partenaire ou ex-partenaire, 37% sont commis par un ou des membres de la famille, et 12% par des connaissances ou des personnes inconnues de la victime. Ces assassinats surviennent souvent après des années, voire des décennies, de violences et de menaces et dans certains cas de tentatives de féminicides. 71% de ces meurtres ont lieu dans des espaces clos, dans la majorité des cas au domicile conjugal ou familial. Une arme (couteau, arme à feu pour les plus employées) a été utilisée dans 65% des cas. Les victimes sont âgées de 5 à 85 ans. Les travaux menés par Féminicides Algérie ont été également portés sur les mobiles des meurtres ainsi que le déroulé de certains procès », mentionne le rapport.

Au cours de la conférence de presse, Wiame Awres, chiffres à l’appui, a déclaré que « le féminicide est la forme extrême d’un continuum de violence ». Elle a ensuite abordé la méthodologie de travail de Féminicides Algérie pour ce rapport et plus généralement pour le recensement des cas, tout en insistant sur le fait que les féminicides ne sont pas « un fait divers mais un mécanisme social ». Elle a également évoqué les difficultés liées au travail de recensement, notamment l’accès à l’information, tout en appelant à la mise en place de « moyens de prévention et de prise en charge ».

Présente à cette conférence de presse, la journaliste Kenza Khattou, qui a participé au recensement des cas de féminicides pour l’année 2023, a indique que cette année, du 1er janvier au 23 novembre 2023, on déplore 33 féminicides. Un chiffre alarmant, tout autant que les chiffres avancés au cours de la rencontre et présentés dans l’ouvrage, les mobiles, les justifications et les modes opératoires.

Sara KHARFI

  • Féminicides en Algérie. Rapport sur les meurtres des femmes et des filles 2019-2022, réalisé par Wiame Awres, Narimene Mouaci Bahi et Lila Bouchenaf (fondatrices du projet), 80 pages, éditions Motifs, Alger, novembre 2023. Prix : 700 DA.

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