El Kalima lance une collection d’inédits en langue arabe

Les éditions El Kalima, qui font un remarquable travail éditorial avec la collection PIM (Petits inédits maghrébins) – consacrée à des textes totalement inconnus de grands auteurs accompagnés d’une présentation d’un spécialiste –, viennent de lancer la collection en langue arabe, « Atyaf », qui s’ouvre avec la traduction, par le poète et traducteur Hakim Miloud, de quatre inédits déjà publiés en français dans la collection PIM, mais qui proposera à l’avenir ses propres inédits aussi, « de créateurs et artistes qui nous ont quittés d’Algérie, du Maghreb, du Monde arabe et du monde », précise-t-on dans la présentation de l’éditeur.

Le lancement de cette collection est, toujours selon la présentation, « une manière de célébrer et d’immortaliser leur présence et de les faire connaître auprès des nouvelles générations, tout en consolidant leur trace et en protégeant leurs œuvres de l’oubli. » Pour les éditions El Kalima, cette collection s’inscrit dans une démarche de « travail de mémoire » et sur la mémoire, et insiste sur l’idée même du legs, et sur la recherche dans le domaine littéraire, puisqu’il s’agit de textes totalement inconnus ou qu’on croyait perdus, et qui s’accompagnent de critiques permettant de les remettre dans leur contexte et de relire ces inédits-là. La présentation de l’éditeur souligne également que cette collection s’inscrit dans « la continuité » du travail exceptionnel réalisé avec la collection PIM en français, et qui réunit jusqu’à aujourd’hui une bonne vingtaine de titres, de grands auteurs.

Quant à l’intitulé de la collection, « Atyaf », et dont la traduction littérale est « spectres », insiste, selon El Kalima, sur « l’idée du retour de l’au-delà ; cette présence de la trace qui habite l’absence. C’est le spectre d’auteurs et artistes qui se rapprochent et dialoguent » avec nous à travers leurs textes. Si on se réfère à la signification du mot Atyaf en langue arabe, ce nom renvoie à tout ce que l’être humain peut imaginer en étant éveillé et endormi, ce qui peut convenir parfaitement à la création littéraire, qui est lieu idéal de l’imaginaire.

Pour le lancement de cette collection, quatre titres sont déjà disponibles. Il s’agit d’abord de Pays de longue peine de Mostefa Lacheraf et Ali Silem, présenté par Christiane Achour et Dalila Morsly. Cette publication réunit des poèmes de Mostefa Lacheraf et des peintures et gravures d’Ali Silem. Atyaf comporte également la traduction de Tempêtes & autres éclats de Kateb Yacine, présenté par Afifa Bererhi. Le troisième inédit Atyaf est Les Tueurs et autres inédits de Mouloud Feraoun, présenté par Safa Ouled Haddar, et qui comporte la dernière page du Journal de Mouloud Feraoun, des nouvelles dont le texte prémonitoire Les Tueurs, deux poèmes ainsi qu’une dédicace à son ami, Jules Roy. Le quatrième Atyaf est Hamel suivi de La Falaise de Rabah Belamri, présenté par René de Ceccaty. Hamel s’intéresse à un jeune du même nom, qui, au lendemain de l’indépendance, se construit en même temps que le pays ; alors que le second texte, La Falaise, s’intéresse à l’adolescent Habib, qui retourne dans son village pour l’enterrement de sa grand-mère et recherche le lieu mystérieux de la falaise.

Somme toute, et comme le précise la présentation de la collection Atyaf, cet intérêt et engagement de publier des inédits de « nos grands auteurs » est à la fois « un pari civilisationnel, un projet et une ambition », qui constituera à terme, une véritable et grande « bibliothèque classique ».

Sara KHARFI

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