Confidences artistiques de Smail Siaghi: Une plongée au cœur de son inspiration.

Ce blog est ouvert aux contributions. Aujourd’hui j’accueille Redouane Krim, qui m’a transmis par mail une présentation et un entretien avec l’artiste Smail Siaghi, et que je reproduis ici.

 [Entretien réalisé par REDOUANE KRIM]

Dans cette fascinante entrevue, explorons avec passion les mondes poétiques et picturaux du renommé Smail Siaghi. Découvrons son engagement discret et modeste, son parcours teinté d’espoir et de progression constante à travers la création poétique et picturale. Son discours révèle une passion ardente pour la vie et l’art poétique, soulignant la noblesse des poètes et des peintres qui endurent leurs infortunes avec dignité. L’artiste, qui concilie la poésie et la peinture, transcende leurs disparités matérielles par la diversification des rimes, l’emploi de techniques poétiques variées, la fusion des couleurs, et l’affinement méticuleux de l’impact du pinceau sur la toile, afin d’ausculter les douleurs et les allégresses de l’humanité. Il exprime avec une sincérité et une profondeur remarquables ses émotions les plus authentiques, oscillant entre les sentiments de puissance et de vulnérabilité. Il nous offre un regard profond sur la poésie et la peinture comme une immersion thérapeutique où l’art et la vie s’entrelacent, évoquant le combat contre l’oubli et la quête intemporelle de la beauté transcendée à travers l’expression poétique et picturale.

Smail Siaghi auteur du recueil « Testament des pigeons », pour ceux qui ne le connaissent pas, est né le 11 juin 1973 à Tizi-Ouzou, en Algérie, s’affirme en tant qu’artiste polyvalent actuellement domicilié aux États-Unis. Ses activités artistiques englobent la poésie et un vaste éventail de médias, parmi lesquels figurent la peinture, la photographie, la vidéo, la sculpture, la création graphique numérique et la performance. Les diverses expressions artistiques de Siaghi témoignent d’une riche toile de créativité qui transcende les frontières et adopte une perspective globale. De ses racines en Kabylie à sa résidence actuelle en Amérique, son œuvre capte l’essence de ses expériences et les paysages en constante évolution qui sculptent son parcours artistique. 

Dans cette interview, S. Siaghi offre un regard fascinant sur l’essence de l’artiste, le considérant non comme le résultat d’une décision délibérée, mais plutôt d’une inclination innée. Refusant de circonscrire son style artistique, il préfère laisser cette tâche aux critiques, motivé par le désir de contester l’idée de « la mort de l’art ». Selon lui, une œuvre réussie transcende les barrières du temps et de l’espace, capturant la vie avec une immortalité quasi divine. Actuellement impliqué dans divers projets artistiques, S. Siaghi exprime son admiration pour toutes les formes d’expression artistique, soulignant comment l’art magnifie la souffrance individuelle. En évoquant la littérature algérienne, il met en lumière la richesse de la littérature orale et témoigne d’un profond respect envers les écrivains. À l’intention des jeunes artistes débutants, ses conseils gravitent autour de la lecture et de la curiosité, soulignant l’importance de la compréhension.

  • Redouane Krim: À quel moment avez-vous pris la décision que l’art serait une part essentielle de votre vie?

Smail Siaghi: On ne prend pas la décision de devenir ou de ne pas devenir artiste ; soit on l’est, soit on ne l’est pas. Cependant, je pourrais me rappeler de mes toutes premières tentatives pour essayer de dessiner.

  • Quel style artistique adoptez-vous, et quels types de peintures utilisez-vous?

Comme disait l’autre, un style est un fait daté et localisé. Je ne peux parler de style en évoquant mon travail ; ce serait ridicule de ma part. Tant que je suis encore ici, je ne serai que contemporain à mon temps, et quant au style, ce sera aux critiques, spécialistes et/ou détracteurs de le décider.

  • Qu’est-ce qui motive votre pratique artistique?

Vous savez, depuis le fameux discours de Friedrich Hegel sur « la mort de l’art », la communauté artistique n’a cessé d’en parler, et ce jusqu’à l’ère contemporaine, c’est-à-dire aujourd’hui. J’ai tant peiné à essayer de convaincre que cela est impossible ; néanmoins, la plupart tend presque à l’admettre et à abandonner. Je me suis dit que je devais prouver au monde le contraire, et j’ai réussi à adopter un style pictural unique au monde.

  • Qui sont les artistes qui vous touchent le plus? 

À un moment donné, je pouvais dire celui-ci ou celui-là, mais aujourd’hui, après toute une vie d’expérience, je n’ai qu’à dire que tout artiste est intéressant par ce qu’il propose. J’ai peut-être eu la chance de mieux comprendre ou d’appréhender une œuvre. C’est la seule voie qui peut nous permettre de pénétrer l’œuvre et vice-versa.

  • Comment définiriez-vous une œuvre réussie?

Cela dépend de chacun, mais pour moi, une œuvre réussie serait celle qui défie le temps et l’espace ; une œuvre presque immortelle.

  • Quelle représentation cherchez-vous à transmettre à travers vos œuvres?

Il n’y a rien de plus beau que la vie. Représenter la vie, même si parfois on est contraint de le faire à travers le deuil.

  • Quelles sont les expositions marquantes où vous avez exposé vos œuvres?

En 2006, j’avais organisé une exposition expérimentale, une exposition collective avec certains amis. Depuis que j’ai quitté le pays et que j’ai investi corps et âme dans mon nouveau projet artistique, je ne souhaite pas exposer pour le moment.

  • Sur quel projet êtes-vous actuellement investi?

Plusieurs projets ! Il y a ceux d’ordre plastique, dont le but serait d’organiser une grande exposition solo de peinture/sculpture/photographie en Algérie. Puis, il y a ceux d’ordre littéraire.

  • Appréciant la poésie lyrique, pourriez-vous partager la musique qui constitue votre préférence durant votre processus créatif ?

Je dirais que je suis vraiment polyvalent à cet égard. Poésie, peinture, photographie ou écriture romanesque, je me régale pleinement dans toutes ces formes. Tout mode d’expression est bon pour exprimer sa douleur.

  • En qualité de poète, pourriez-vous expliquer comment parvenez-vous à concilier la peinture et la poésie dans votre expression artistique ?

Tout simplement, j’ai fini par comprendre qu’elles sont des jumelles à bien faire grandir par la recherche, alimentées par le savoir et la sensibilité.

  • Existe-t-il une corrélation entre la peinture, la poésie et d’autres formes artistiques ? Quelle est, à votre sens, la nature de l’art, en s’éloignant des définitions conventionnelles ?

Sans doute ! Elles sont toutes une manière d’exprimer avant tout. L’art n’est pas un domaine à la portée de tous. Il est tel une maladie dont on ne veut guère guérir. Il rend belle la souffrance des individus.

  • Vous avez eu l’occasion de concevoir l’illustration de la couverture du roman d’Oramdane Krim ainsi que de plusieurs autres auteurs. Pourriez-vous évoquer la nature de votre lien avec la littérature algérienne et ses écrivains ?

La littérature algérienne ? Il n’y a pas de littérature algérienne, il y a des écrivains de nationalité algérienne, c’est tout. Par conséquent, il existait cette littérature orale, plus millénaire qu’algérienne ; celle-là, c’était elle qui m’a vu naître et c’est toujours elle qui me stimule. Si l’on parle de nos écrivains, je pense que nous possédons de belles plumes. Une fois, j’ai trouvé chez un bouquiniste « Je t’offrirai une gazelle » du feu Malek Haddad, je l’ai acheté, mais jamais lu. Le titre était tellement beau que je ne voulais pas être déçu en le lisant. J’ai beaucoup de respect pour nos aînés, beaucoup.

  • En tant que lecteur fervent de littérature, pourriez-vous me faire part de votre auteur mondial de prédilection ? De plus, en ce qui concerne les écrivains algériens, quels sont les noms que vous appréciez le plus en langue amazighe, en langue française et en langue arabe ?

Au niveau mondial, j’adore les Russes. Mais je lis tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule. Concernant nos compatriotes francophones, je citerais Kateb et sa génération, puis Djaout et la sienne aussi. Sinon, pour le Tamazight, je ne lis pas, car beaucoup reste à faire.

  • Existe-t-il une distinction entre l’inspiration que vous éprouvez en Algérie et celle qui traverse votre esprit aux États-Unis ? 

J’avais réglé ce problème de l’inspiration depuis bien longtemps, je n’en tombe pas en panne. En Algérie ou en Amérique, ma tête est toujours mienne ; je sais comment provoquer les choses.

  • Quels conseils donneriez-vous à un jeune artiste débutant?

Je ne sais pas si je suis dans cette position, mais puisque vous avez précisé aux jeunes, je leur dirais : lisez et soyez curieux, car tout passe par la compréhension.

R. K.

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