Lazhari Labter présente au FIBDA sa monographie sur Mohamed Aram

L’écrivain et journaliste Lazhari Labter a animé, jeudi dernier, au Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA), une conférence autour de son nouvel ouvrage consacré à Mohamed Aram, auteur de bande dessinée et pionnier de l’animation en Algérie. Paru aux éditions Crom sous le titre « Mohamed Aram, le film d’un dessinateur à la vie très animée », ce livre, préfacé par Redha Menassel, s’ajoute à une bibliographie déjà riche où Lazhari Labter a patiemment documenté l’histoire de la bande dessinée algérienne. Après « Panorama de la bande dessinée algérienne 1969-2009 », « M’Quidèch. 1969-2019 Une revue, une équipe, une école » et le « Dictionnaire algérien illustré de la bande dessinée et du dessin de presse 1962-2022 », l’auteur signe avec l’ouvrage sur Aram, auquel il a consacré quatre années, un quatrième volume qui s’attache à mettre en lumière un parcours singulier.

Intitulée « De l’animation à la bande dessinée et de la bande dessinée à l’animation », la rencontre a permis de retracer la carrière d’un artiste dont le nom reste indissociable de l’histoire des arts visuels en Algérie. Mohamed Aram, a estimé Lazhari Labter, est « un patrimoine national précurseur, qui a tenu le plus longtemps possible, contre vents et marées, le dessin animé algérien. Il a tout essayé mais ça n’a pas marché. Toute sa vie, il a inventé des personnages, fait vivre des personnages ».

Dès 1953, le jeune dessinateur avait créé ses premiers héros, dont « Zombo », annotant ses planches comme s’il s’agissait de véritables magazines, avec numéros et prix en couverture. « Il était en train de créer de manière artisanale un magazine », a rappelé l’auteur. À cette époque, le futur pionnier était apprenti-boucher, et une photographie d’archives projetée lors de la rencontre montre Aram posant devant une camionnette de livraison sur laquelle il avait peint ses personnages, signe d’une passion qui débordait de toutes parts.

C’est en 1967 qu’il signe la toute première bande dessinée algérienne, partiellement diffusée dans « Algérie Actualité ». Le premier album édité restera néanmoins « Moustache et les Belgacem » de Slim. En 1969, Aram rejoint Sidali Melouah, Ahmed Haroun et Mahfoud Aider dans l’aventure de « M’Quidèch », magazine fondé par Abderrahmane Madoui pour poser les bases d’une école algérienne de la BD. L’année suivante, Aram lance « Guenifed », revue en arabe qui, malgré 25 numéros, ne parvient pas à rivaliser avec « M’Quidèch » et cesse de paraître.

L’animation, passion intime d’Aram, débute pour lui en 1963 avec le dessin animé « La gerboise et la fête de l’arbre ». Dès l’année suivante, il est recruté au Centre national du cinéma où il fonde un service dédié aux films d’animation et réunit autour de lui Menouar Merabtène (Slim) et Mohamed Mazari (Maz). Ces deux derniers noms, grandes personnalités de la BD et du dessin de presse, réaliseront, dans cette aventure, trois dessins animés pour le premier et des storyboards pour le second. « À lui seul, Aram réalise plus de trente dessins animés. En novembre 1966, à la Cinémathèque d’Alger, le public découvre ses films, quatre courts en noir et blanc tournés en 16 mm puis gonflés en 35 mm », a rappelé Lazhari Labter. Au total, cinquante-cinq films d’animation jalonneront son parcours.

Lazhari Labter en compagnie de Amina, fille de Mohamed Aram.

Son œuvre continue aujourd’hui d’être transmise grâce à sa fille, Amina, qui œuvre à la préservation de ce patrimoine. Dans le livre de Lazhari Labter, un QR Code permet d’accéder à deux films de son père. Elle a confié qu’elle préparait la publication intégrale de l’album « Naâr, Une sirène à Sidi Ferruch ». Aram a, par ailleurs, publié  les albums « Al Maâraka » en 1981 puis « Adnane » en 1991.

Artiste complet, il fut tour à tour dessinateur, réalisateur, bédéiste et peintre. Disparu en 2020 à l’âge de 86 ans, Mohamed Aram laisse une œuvre foisonnante et une empreinte dans l’histoire culturelle et artistique de l’Algérie.

Sara Kharfi


En savoir plus sur Algérie Littéraire

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire