Les éditions Casbah viennent de publier le recueil de nouvelles, « L’absente », de Meriem Guemache. Articulé autour de dix nouvelles, « L’absente » décrit le quotidien de personnages qui nous ressemblent, avec leurs qualités et leurs travers ; des histoires connectées à l’actualité, au réel, portées par « un style fluide » et des mots qui claquent. Parfois cruelles, toujours émouvantes, les nouvelles de Meriem Guemache nous racontent aussi « notre époque », tout en convoquant parfois le passé et les souvenirs.
[Par Sara Kharfi]
Après « La demoiselle du métro », paru en 2018 aux éditions Casbah, Meriem Guemache revient au genre de la nouvelle, avec « L’absente », un recueil de dix nouvelles au « style fluide, enrichi d’expressions populaires algériennes et mâtiné d’un brin d’humour », comme on peut le lire sur la quatrième de couverture. Ces histoires courtes posent un regard, à la fois tendre et lucide, sur notre époque, tout en remontant parfois le temps, pour s’intéresser au passé et ses séquelles.
L’humain, dans ce qu’il a de plus grand et de plus insignifiant, est ce qui semble préoccuper notre nouvelliste, c’est en tout cas ce qui se dégage des dix histoires du recueil, qui s’ouvre avec « Virus horribilis », une plongée dans un passé très récent aux répercussions très actuelles à savoir, l’apparition de la Covid-19 et le confinement mondial dans lequel a été plongée l’humanité. Et alors que nous étions enfermés dans nos questionnements sur le sens de notre existence et nos peurs, légitimes certes mais parfois irrationnelles, la nature reprenait ses droits et la planète respirait. Un moment de répit pour la terre, une prise de conscience pour certains, une occasion de tirer profit de la peur des gens pour d’autres… Depuis, retour à la normale mais non sans conséquences : tant de vies perdues. Il est également question de vies perdues, gâchées, mais aussi de l’absence de justice et de souvenirs douloureux, dans « Cicatrice nucléaire », qui « ravive la mémoire de Reggane », à travers les réminiscences de Michel, et les destins brisés de Gamra et Saâd.

Il s’agit aussi de mémoire dans « L’absente », une nouvelle très émouvante présentant Djenna, 76 ans, atteinte d’Alzheimer. Mais c’est le point de vue de la narratrice, sa fille, qui est mis en lumière dans ce texte, qui pourrait réellement être développé en roman, tant l’histoire est captivante et le drame de l’oubli incommensurable – avis très personnel que je formule ici, alors passons ! Un autre drame, l’émigration clandestine, est racontée dans « La mer à boire », tandis que « La voix » et « Faux-semblant » aborde les thèmes des masques, de l’ambition et des apparences (souvent trompeuses). « La voix » nous offre, cependant, une immersion dans l’univers de la radio que Meriem Guemache connait parfaitement.
Mais que serait notre humanité sans amour ? Nous sommes servis dans ce recueil avec les nouvelles « La lavandière », « L’amour aux trousses », et dans une certaine mesure « La fille au bracelet ». Pour ce qui est de l’humour, le recueil n’en manque pas ! Il y a aussi du cynisme (comme dans la nouvelle allégorique « Momento Mori »), et de l’ironie : de l’autrice, du sort et de la vie. Et certaines chutes sont exquises, cruelles, jouissives ! « L’absente » combine avec talent la légèreté et la gravité, le tragique et comique, la grandeur et la chute. Somme toute, un beau moment de lecture!
S. K.
- « L’absente » de Meriem Guemache. Recueil de nouvelles, 160 pages, éditions Casbah, juin 2023. Prix : 1000 DA.
Bio express (de l’éditeur)
Titulaire d’une licence d’anglais et auteure de la série des Lotfi, destinée aux enfants, Meriem Guemache publie en 2018 un recueil de nouvelles, La demoiselle du métro (Casbah éditions). Un an plus tard, elle récidive avec Un jour tu comprendras (Casbah éditions), une biographie romancée de Fadhma Aït Mansour Amrouche, avant de s’attaquer au genre romanesque en imaginant Zelda (Casbah éditions, 2021).
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