Djaïli Amadou Amal « Choix Goncourt de l’Algérie 2021 »

Photo: Amine IDJER.

La cérémonie d’annonce de la lauréate 2021 du « Choix Goncourt de l’Algérie » a eu lieu, hier après-midi, samedi 13 novembre 2021, à l’Institut français d’Alger. La distinction est revenue à l’écrivaine et militante féministe camerounaise, Djaïli Amadou Amal, pour son roman « Les Impatientes » (éditions Emmanuelle Collas), paru en France en 2020, et lauréat la même année du « Goncourt des Lycéens ».

Ainsi, Djaïli Amadou Amal succède à Natacha Appanah, lauréate de l’édition 2020, et à David Diop, lauréat de la première édition, celle de 2019, du « Choix Goncourt de l’Algérie », créé à l’initiative de l’Institut français d’Algérie, sous l’égide de l’Académie Goncourt.

Bien que le nom de la lauréate ait été annoncé en juin dernier, la cérémonie d’hier a été l’occasion d’écouter l’autrice, présente par visioconférence (en direct de Douala), évoquer son roman, et dialoguer et répondre aux questions des jurés, en direct d’Alger et des instituts français de Constantine, Annaba, Oran et Tlemcen.

La lauréate a exprimé sa joie et sa fierté en préambule, et d’indiquer : « Je suis d’autant plus fière parce que ce sont des jeunes ». Des jeunes qui ont, en effet, était sensibles aux questions qu’aborde son roman, celles de « la violence faites aux femmes, les violences conjugales, les violences dans le Sahel…les violences universelles », dans la mesure où « toutes les cultures se rejoignent dans le musellement des femmes », a-t-elle soutenue. Pour celle qu’on surnomme « la voix des sans voix », cette distinction de la part des jeunes augure « un vrai espoir de changement ».

« Les Impatientes » est un roman « polyphonique », qui « retrace le destin » de Ramla, Hindou et Safira, contraintes de subir des mariages forcés, la polygamie et la violence de leurs époux. « Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah » (résumé). Au cours de son échange, Djaïli Amadou Amar s’intéressera particulièrement au terme « Mounyal », qui signifie « patience » en peul. « Mounyal est une des valeurs fondamentales de la culture peul, et islamique aussi, a-t-elle déclaré. La patience peut créer quelque chose de positif mais à partir du moment où ça engendre de la souffrance, il faut que ça s’arrête », tout en expliquant qu’on entendait aussi par ce terme, « tout accepter sans se plaindre, faire passer les autres avant soi-même », etc. Pour la romancière, « on se rend compte que le mariage précoce et donc forcé entraîne toutes les autres formes de violence ».

Concernant la réception de son livre, Djaïli Amadou Amal a indiqué que le livre était inscrit au programme de terminale dans son pays, et qu’il est également étudié et commenté à l’université. Bien qu’il ait aussi été attaqué, notamment sur les réseaux sociaux, il a « ouvert le chemin pour un débat » sur la situation des femmes et les violences qu’elles subissent.

Pour rappel, quatorze jurys ont été constitués dans huit villes algériennes, dont un jury de lycéens (du Lycée International Alexandre-Dumas). Dans son intervention en début de séance, l’Ambassadeur de France en Algérie, M. François Gouyette, a rappelé que l’Algérie (à travers l’IF Algérie) fait partie des 27 pays ou régions membre d’un « réseau international » participants au « Choix Goncourt ». Il a, en outre, souligné que ce « Choix Goncourt de l’Algérie est une occasion pour l’Institut français d’Algérie de donner la parole à la jeunesse [à travers les différents jurys] ».

Par ailleurs, « Les Impatientes » est aussi le Choix Goncourt de l’Orient, de la Tunisie, de la Serbie, du Royaume Uni, et de la Grèce.

Sara Kharfi


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