« Nedjma » de Kateb Yacine illustré par 9 peintures d’Issiakhem en 1969

Je reçois aujourd’hui sur mon blog, Dr. Nadia Ghanem, qui nous revient sur la collaboration entre Kateb Yacine et M’hamed Issiakhem, autour du roman « Nedjma ». En effet, en 1969, il semble que le ministère de l’éducation algérien et le syndicat national des enseignants se soient réunis pour produire un volume de Nedjma en format A4, accompagné de neuf peintures imprimées en lithographies réalisées par M’hamed Issiakhem inspirées par le roman.

[Par : Dr. Nadia Ghanem*]

M’hamed Issiakhem semble avoir régulièrement illustré les écrits des auteurs de sa génération. On retrouve ses esquisses dans le recueil de poèmes de Malek Haddad ‘Le malheur en danger’, publié par les éditions Bouchène en 1988, par exemple, ou encore dans l’édition du poème d’Ismael Ait Djafer, « La complainte des mendiants arabes de la casbah et de la petite Yasmina tuée par son père », pubié,  en 1987, par les éditions Bouchène également.

L’édition du recueil « Le malheur en danger » s’ouvre sur le portrait de Malek Haddad. De même, l’édition de La complainte par Bouchène présente Ait Djafer en portrait en frontispice. (Le malheur en danger étant pratiquement introuvable, sauf dans les bibliothèques universitaires spécialisées, je l’ai scanné et vous pouvez le télécharger en PDF en cliquant sur le lien ici. L’édition de La complainte d’Ait Djafer n’étant plus en circulation, je l’ai aussi scanné pour qu’elle puisse être téléchargée. Je n’ai pas pu mettre la main sur l’édition Bouchène mais l’édition de Novetlé Massalia mise en ligne ici contient le deuxième long poème d’Aït Djafer, lui aussi oublié, appelé « Cri »).

(Photo trouvée sur Albatroz Blog4ever)

« Nedjma », le roman de Kateb Yacine est un autre exemple d’un entrelacement entre mots et tracés : une collaboration entre Kateb Yacine et Issiakhem. En 1969, il semble que le ministère de l’éducation algérien et le syndicat national des enseignants se soient réunis pour produire un volume de Nedjma en format A4, accompagné de neuf peintures imprimées en lithographies réalisées par M’hamed Issiakhem inspirées par le roman. Cet énorme ouvrage est en fait le 12ème volume des éditions Burin intitulé « Les portes de la vie ». A partir de 1968, Burin publièrent une collection de 17 volumes qui présente un pays à travers un texte littéraire perçu comme texte clé :

(Photo de la collection entière trouvée sur ebay.fr : on y voit la collection en entier depuis l’ouvrage de présentation de la collection)

Dans cette édition, le roman « Nedjma » se situe entre trois essais qui, quelques années après l’indépendance, parlent des futurs projets du ministère de l’éducation pour un enseignement pour tous les algériens et algériennes.

Deux essais précèdent « Nedjma ». Le premier est une introduction de deux pages du Dr Ahmed Taleb, alors ministre de l’éducation, qui souligne l’importance de cette éducation pour la construction du pays. Ce message est suivi d’un essai écrit par Pierre Desvalois, l’ancien secrétaire général du Syndicat national des enseignants, dans lequel l’auteur se penche sur l’histoire de l’Algérie avant la colonisation jusqu’à son renouveau culturel post 1962. Un dernier article écrit par Bouzid Hamiche, le directeur départemental des Plans et Statistiques, auquel a participé M.A. Serradj, clôt le volume. Ces deux auteurs présentent l’enseignement avant et durant la colonisation, et les projets pour une école pour tous mis en place à l’indépendance, comme l’alphabétisation, l’enseignement technique, la mise en place des cantines scolaires, et la promotion des activités sportives pour les garçons comme les filles (le tout illustré de photos en noir et blanc).

(Les portes de la vie, Algérie, page 342)

Et entre ces écrits, un bijou : neufs peintures d’Issiakhem, imprimées en lithographies qui racontent l’histoire de Nedjma. Comme cet ouvrage n’est plus en circulation, j’en ai scanné les illustrations pour le plaisir des yeux et de l’âme : cliquez ici pour télécharger le PDF.

(Les portes de la vie, Algérie, page 63)

Le volume a été soigneusement produit. Les pages sont épaisses, et la couverture rigide est reliée en cuir. Le volume réalisé par les éditions Du Burin, note qu’il a été distribué par les éditions Martinsart, et les lithographies réalisées par Guillard. Je ne sais pas si le volume a jamais été distribué en Algérie.

(Les portes de la vie, Algérie, page 346)

N. G.

*Dr. Nadia Ghanem est une Postdoctoral Fellow de la British Academy attachée à SOAS, Londres. Assyriologue, elle travaille sur des textes divinatoires de l’Irak antique, datant du deuxième millénaire avant notre ère. Elle suit de près la production littéraire algérienne contemporaine, et s’est mise à la recherche d’œuvres oubliées.  


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