Crédit photo: composition de l’éditeur.

La journaliste et autrice Zahia Mancer a publié, il y a quelques mois chez Dammah Publishing & Distribution, « Yaouma iltaqaytou Alberto Moravia fi Sahra’ » (Le jour où j’ai rencontré Alberto Moravia dans le Sahara – Récit d’un voyage par route entre Alger et Tamanrasset), un carnet de voyage, qui témoigne des savoir-faire et de la richesse de plusieurs régions du sud de l’Algérie, et en même de la rareté (sinon l’inexistence) des opportunités de développement (économique) dans ces mêmes régions.

Il y a une tendance chez les gens qui ne connaissent pas le Sahara ou ne l’ont jamais visité à l’évoquer et le rêver comme un tout homogène, dans le sens où si l’on connaît une ville, on connaît toutes les autres. Cette idée est bien évidemment fausse, car chaque lieu à ses caractéristiques propres (reliefs, couleurs, traditions, langues…). Et c’est toute cette richesse du Sahara algérien qu’explore la journaliste et autrice Zahia Mancer, au cours de deux voyages : le premier, par route, entre Alger et Tamanrasset, et qui lui a permis de traverser également les villes de Ghardaïa et In Salah ; le second, par avion, qui l’a mené à Adrar, Tamantit et Timimoun, à la découverte notamment des manuscrits et du legs de Mouloud Mammeri.

Délestée des préjugés et de tout ce qui est superflu, ouverte d’esprit et de cœur, Zahia Mancer n’emmène, dans son sac au dos, qu’un appareil photo, un laptop, et le livre d’Alberto Moravia (1907-1990), « Lettres du Sahara », qui sera son « fidèle compagnon ». Ses lectures seront accompagnées par des morceaux de musique du célèbre joueur de Oud, Alla. Avec ce minimum, la journaliste qui devient une véritable conteuse, tente de percer les mystères du Sahara, dans le récit qu’elle fait de son premier voyage (rapporté dans le livre), et qui date de l’hiver 2012. Elle a été mandatée, par son journal de l’époque, pour assurer la couverture d’une caravane organisée par l’association « Femme en communication », sous le slogan « Travail, Citoyenneté et Sensibilisation ».

L’autrice parcourt des kilomètres. Elle voit le soleil se lever et se coucher, rencontre les habitants des villes qu’elle traverse pour découvrir leurs modes de vie et écouter leurs récits ; elle est subjuguée par la quiétude, le silence, le génie architectural (les ksours par exemple), l’organisation sociale, le système d’irrigation des foggaras, le fort potentiel touristique (hélas inexploité) ; elle est aussi triste et révoltée à la fois par le sort des personnes qu’elle rencontre et des endroits où elle s’immerge, si désavantagés. Elle évoque également, lors de son second voyage, Mouloud Mammeri et l’Ahellil, à la faveur de sa rencontre avec feu Moulay Seddik Slimane.

Au fil du récit, Zahia Mancer atteint une paix intérieure – une dimension mystique qu’elle assume pleinement au fur et à mesure –, qu’elle finit par communiquer à son lecteur. Elle semble ne plus vouloir rentrer, retourner dans le Nord, ce monde « d’hypocrisie » et de « béton ». Pourtant, elle reprend sa vie là où elle l’a laissé, mais elle sera transformée à jamais par ce qu’elle a vécu. Elle ne sera plus jamais la personne qu’elle a été avant d’explorer cet autre monde, malgré la dureté de la vie, et la nature qui peut se montrer peu clémente. Une expérience qu’il a été nécessaire de relater et qui devait être partagée. Il y a lieu de souligner, enfin, que ce texte de l’autrice a reçu, en juillet 2019, le « Prix Mohammed-Ould El-Cheikh des textes du Sahara ».

Sara Kharfi

« Yaouma iltaqaytou Alberto Moravia fi Sahra’ » (Le jour où j’ai rencontré Alberto Moravia dans le Sahara – Récit d’un voyage par route entre Alger et Tamanrasset » de Zahia Mancer, Carnet de voyage, 86 pages, éditions Dammah Publishing & Distribution, Algérie, 2020. Prix : 450 DA.

Lien du site internet de l’éditeur, pour l’achat du livre en ligne: https://urlz.fr/fOut

Lien de la page faceboook de l’éditeur: https://www.facebook.com/DammahPublishing/

• Un grand MERCI à la Librairie du Tiers Monde et à son librairie Abderahmane Alibey pour l’exemplaire de ce livre.