« Pardonner ou se venger ? » est peut-être l’une des questions centrales du roman « Fayla » d’Abdelmoaiz Farhi, paru il y a quelques jours aux éditions Casbah.
Fayla n’a pas eu une vie facile ! Elle a eu à affronter de douloureuses situations et a subi beaucoup de violence dans sa jeunesse. Et, outre les drames qui ont jalonnés sa vie, elle a pu s’en sortir et mener une vie rangée aux quartiers « Les Combattants » de Constantine, jusqu’à sa mort. Vingt ans plus tard, Fayla décide de revenir du monde des morts pour se venger de ceux qui ont rendu sa vie un enfer et provoqué sa mort, ainsi que de leurs enfants/petits-enfants. Le retour de cette « créature d’outre-tombe » coïncide avec l’année du baccalauréat de sept jeunes gens, les héritiers de ses « bourreaux » et ses cibles privilégiées.
L’histoire du roman commence pendant les vacances scolaires lorsque les adolescents font des rêves étranges ou sont les témoins de situations chaotiques et épouvantables, et qu’ils sont seuls à voir. Ce sont les « êtres démoniaques » au service de Fayla qui terrorisent ces jeunes, et leur rendent la vie impossible.

À la rentrée scolaire, les « victimes » de Fayla prennent des cours de soutien et se retrouvent dans la même classe au quartier « Les Combattants », un lieu que connaît si bien Fayla, pour y avoir vécu et trouvé la mort dans de sombres conditions. Et comme Fayla a toujours subi l’injustice, même dans la mort, la justice l’importe peu. Ce qu’elle veut, c’est prendre sa revanche et faire souffrir ceux qui ont causé son malheur.
Pour affronter la menace, les jeunes gens devront obtenir leur BAC (cet examen décisif étant une source d’anxiété), et faire preuve de courage pour affronter la colère de Fayla, qui veut les punir à tout prix pour des « péchés » qu’ils n’ont pas commis. Hériteront-ils des erreurs de leurs parents ? Seront-ils aidés pour affronter leur destin? Dans quels forces puiseront-ils ? Sauront-ils trouver les mots pour apaiser la douleur de Fayla ? C’est ce que le « roman d’épouvante » d’Abdelmoaiz Farhi, le deuxième après « À 19 heures mon amour » (éditions Casbah, 2018), nous révèle.
« Fayla » est un roman sombre et captivant, parfois « flippant », qui regarde le passé pour y chercher des vérités, et qui présente le pardon comme une libération, comme un puissant antidote à la haine et à la rancoeur. Avec ses thèmes forts, ses références solides (Stephen King est largement cité), ses ambiances pesantes, et même ses quelques maladresses, le texte est une bouffée d’air frais, un beau moment de lecture. Beau parce que d’une certaine manière, il raconte aussi la fin de l’enfance, et le début d’un nouveau chapitre dans la vie.
Sara Kharfi
« Fayla » d’Abdelmoaiz Farhi. Roman, 160 pages. Éditions Casbah, Alger, Mars 2021. Prix: 700 DA.
En savoir plus sur Algérie Littéraire
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Une réflexion sur “« Fayla » d’Abdelmoaiz Farhi : Une hisoire de vengeance et de pardon”