Elias d’Ahmed Benzelikha, paru en 2019 aux éditions Casbah, est un roman sur le sens de la vie. C’est une invitation au voyage (physique ou intérieur), au métissage et à la découverte de la Méditerranée et de ses mystères. Elias abandonne tout et entame une quête initiatique à la recherche du masque de la connaissance.
Elias se cherche. Il cherche quelque chose d’indéchiffrable, d’indéfinissable. Il semble n’avoir jamais été à l’aise dans sa vie ou satisfait de ce qu’il a construit à Stasis, sa ville. En proie à des questionnements existentiels, il tombe sur une inscription, un beau jour de printemps, au cours d’une virée dans les ruines romaines de Silphium, puis sur un livre qui lui révèle l’existence d’un objet qui lui permettrait de donner du sens à existence : le « Masque de Dieu ». Elias abandonne tout ce qu’aura été l’œuvre de sa vie, ce qui a compté ou a été significatif, ainsi que ses responsabilités envers les siens ; il met toutes ses économies dans le financement d’un périple qui le mènera vers les îles grecques, à bord du bateau de marchandises « Le Moïse ».
« Jour après jour, mois après mois, peu à peu, la légende s’incrustait en lui. Il lisait beaucoup, faisait des recherches, discutait avec des spécialistes, pesant le pour et le contre, jusqu’à n’en être plus raisonnable et voir en la légende une réalité ou du moins une éventualité.
Cette possibilité en rejoignait, en fait, une autre, celle de donner sens à sa vie, de partir au loin, loin de sa fatigue, de ses défaites et de l’impasse où il s’était installé, année après année, âge après âge, période après période, déception après déception.
Ce n’était pas la légende du masque qui était absurde, c’était l’illusion qu’était sa vie qui l’était. »
Le voyage sera long, périlleux, plein de rebondissements. Notre voyageur, un Ulysse des temps modernes, fera la connaissance de personnages singuliers, authentiques, malveillants, généreux. Sur son chemin, il cèdera aux plaisirs de la chair puis y renoncera ; il sera désintéressé, bienveillant, et parfois désinvolte. En fait, Elias renouera avec son humanité, et apprendra à renoncer (plutôt qu’abandonner), à aimer, à donner sans attendre quelque chose en retour, et il finira par comprendre que c’est l’expérience et l’ouverture d’esprit qui mènent vers la connaissance. Il n’a pas cherché à posséder le « Masque de Dieu » ou à le retrouver à tout prix, il a plutôt vécu intensément son aventure et a trouvé les réponses qu’il cherchait lorsqu’il a commencé à se poser les bonnes questions.
Le roman, Elias, a une dimension philosophique (mystique), très importante. Il fait rêver son lecteur et lui rappelle qu’une existence sans espoirs, sans rêves et sans perspectives, ne vaut pas la peine d’être vécue, et que la vie est une aventure que nous devons accepter d’entreprendre.
Ce livre est aussi un hommage à la Méditerranée, à toutes les civilisations et les cultures qui la traversent, et à la vraie richesse de l’homme : son humanité.
Peut-on revenir indemne d’un tel voyage ? Peut-on revenir d’un voyage pareil et reprendre sa vie là où l’avait laissée ? C’est toute la question et c’est ce que nous révèle la lecture passionnante de roman qui se lit comme un conte.
Sara Kharfi
Elias d’Ahmed Benzelikha. Roman, 88 pages, éditions Casbah, Alger, 2019. Prix : 500 DA.
Bio express (4ème de couverture)
Linguiste, financier et spécialiste en communication, diplômé des universités de Constantine et Montpellier, ayant occupé plusieurs fonctions supérieures, notamment auprès de l’Unesco, Ahmed Benzelikha, né à Constantine, est écrivain et chronique de presse.
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2 réflexions sur “« Elias » d’Ahmed Benzelikha : À la recherche du sens de la vie…”