« Le Vœu de la septième lune » de Mohammed Dib : Amour, pouvoir, et quête d’absolu

Le Vœu de la septième lune est une des trois pièces achevées de Mohammed Dib (avec Mille hourras pour une gueuse, La Fiancée du printemps), paru au dernier semestre 2019 aux éditions El Kalima, dans sa série « Petits Inédits Maghrébins », qui s’insère dans la collection « Djib » (poche).

L’intrigue est située au VIIIe siècle après J.-C., sous le règne de la dynastie Tang. Histoire d’amour et de pouvoir, Le Vœu de la septième lune, d’après Le Palais de l’éternelle jeunesse de Hong Sheng (1688), raconte la quête d’absolu de deux amants, l’empereur Ming Huang, et sa concubine Lady Yang, qui se promettent amour éternel ; et celle d’un général menant une révolte pour prendre la place de l’empereur. Amour et politique se mêlent/s’entremêlent pour dire deux « folies » : le lien amoureux et la soif du pouvoir. La situation se complique lorsqu’on apprend que le corrompu Premier Ministre Li, est le cousin de la favorite de l’empereur Lady Yang, et ennemi juré du général Lou-San, qui s’est « exilé » à dessein : pour préparer sa révolte. L’auteur y dénonce aussi (et surtout) « l’oppression des classes défavorisées » [comme l’illustrent parfaitement deux scènes de la pièce (les deux aveugles, et l’échange)].

Inspiré d’une célèbre pièce chinoise, Mohammed Dib adopte « le parti-pris du réel » et apporte des modifications. En effet, selon la présentation d’Hervé Sanson, « l’écrivain algérien resserre l’action dramatique : il supprime toute référence mythologique ou surnaturelle, et épure le canevas de l’œuvre, réduisant considérablement le nombre de personnages. Des quarante-neuf tableaux que comporte l’œuvre initiale, il ne retient qu’ne quinzaine de tableaux significatifs, et tout en conservant une langue d’une grande élégance, et d’une grande tenue métaphorique, il réduit considérablement la part de la description dont usent tout à tour les différents personnages ».

En outre, cette pièce est une « une véritable découverte », note Hervé Sanson. Elle était « conservée dans une caisse en bois, un tapuscrit de quatre-vingt sept pages, comportant quelques corrections manuscrites au crayon, et porte sur la page de faux titre, sous le titre tapuscrit, l’ajout au crayon à papier ‘d’après la pièce de Hong Sheng Le Palais de l’éternelle jeunesse (1688)’ », indique-t-il. Bien que ne comportant « aucune mention de date », l’auteur de la présentation situe la rédaction de cette œuvre à « la fin des années soixante-dix », période au cours de laquelle l’écrivain « s’intéressait particulièrement au patrimoine littéraire chinois et notamment au théâtre et au conte ».

Outre l’intérêt « profond » de Dib « pour les cultures autres que celles de son pays natal, l’Algérie, ou de son pays de résidence, la France », Hervé Sanson signale l’influence de Brecht sur les « dramaturges issus des pays en voie de décolonisation », ainsi que l’aspect inédit en français de l’œuvre de Hong Sheng, qui n’existe qu’en version anglaise. Ce qui laisse entendre que Mohammed Dib a découvert cet opéra en anglais, lui qui était un « parfait angliciste ».

L’intrigue, la langue élégante, l’art de la concision, le propos sont des éléments qui participent à rendre cette œuvre captivante. A lire !

Sara Kharfi

  • Le Vœu de la septième lune de Mohammed Dib. Pièce de théâtre, 136 pages, éditions El Kalima, Alger, 2ème semestre 2019. Prix : 600 DA.

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