[Par Nadia GHANEM*]

Je reçois aujourd’hui, Nadia Ghanem, qui nous propose une lecture d’un texte oublié qu’elle a déterré : une histoire, intitulée Le Grand zoiseau, écrite par l’artiste Baya Mahieddine, et publiée en 1947, dans le livret de sa première exposition à la galerie Maeght, alors qu’elle n’avait que 16 ans.

On connaît Baya Mahieddine en tant que peintre et sculptrice, célébrée pour ses formes mouvantes aux couleurs vives et ses jeux de symétrie, mais il s’avère qu’elle a aussi écrit une histoire oubliée, publiée en 1947 dans le livret de sa première exposition artistique à la galerie Maeght, Paris, alors qu’elle n’avait que 16 ans.

Cette histoire, aussi courte que magique, intitulée Le grand zoiseau se trouve parmi les huit pages de ce livret précieux qui fut conçu par Maeght pour annoncer l’exposition sous le titre ‘Derrière le miroir’, et pour célébrer la découverte d’une vision qui allait éventuellement même bouleverser Picasso. Chacune des huit pages est illustrée avec un dessin de Baya en lithographie, et c’est aux pages 4, 5, et 8 que Le Grand Zoiseau est imprimé.

Le grand zoiseau s’inscrit dans la tradition des contes et de la mythologie amazighes. On y retrouve un petit chien qui peut boire presque toute l’eau d’une rivière, des personnes si petite qu’on peut les cacher sous un plat, du crachat qui parle, et des oiseaux qui s’entretiennent avec les humains. Baya, ici comme dans ses peintures, réinvente les règles de la narration. Elle chamboule l’ordre des mots, se joue des ponctuations, et utilise une langue qui en cache une autre.

Cette voix si particulière, je l’avais rencontrée dans le roman de Aziz Chouaki, Baya, La Rhapsodie algéroise, publié en 2019 (éditions Bleu Autour) mais je ne l’avais pas reconnue, n’ayant pas encore rencontré l’histoire de Baya. Aziz Chouaki n’est malheureusement plus parmi nous et nous ne pourrons pas lui demander quand et comment il avait découvert Le grand zoiseau. Pour ne pas qu’on oublie Baya la conteuse ou Chouaki l’inspiré, le grand zoiseau est reproduit ici.

Nadia Ghanem

*Dr. Nadia Ghanem est une Postdoctoral Fellow de la British Academy attachée à SOAS, Londres. Assyriologue, elle travaille sur des textes divinatoires de l’Irak antique, datant du deuxième millénaire avant notre ère. Elle suit de près la production littéraire algérienne contemporaine, et s’est mise à la recherche d’œuvres oubliées.  

Le grand zoiseau de Baya