[Par Amine IDJER]
« هذه أمور تحدث » (Ce sont des choses qui arrivent) est le premier recueil de nouvelles du poète et traducteur Salah Badis, paru, en 2019, aux éditions Al-Mutawassit, en Italie. C’est un livre qui se lit d’un trait de par sa fluidité et la maîtrise de son auteur du style et de différents niveaux de langues.

Dans ce livre de 9 nouvelles, Salah Badis nous offre des histoires se déroulant en Alger, et racontant le quotidien (palpitant ou pas) de jeunes algérois de naissance ou d’adoption. Leur particularité : elles relèvent du vécu collectif, celui de l’entourage proche, intime de l’auteur ou celui du citoyen lambda croisé dans un café, un taxi, le métro…
« Dans toutes les nouvelles il y a du vécu, des histoires qu’on m’a racontées. Le plus important est de trouver comment ramasser tout ce magma et la manière la plus sincère pour dire tout cela », me confie le nouvelliste. Pour lui, « toute littérature, toute écriture révèlent un vécu collectif. En écrivant, il y a des portes qui s’ouvrent l’une sur l’autre, ce qui fait qu’une histoire qui t’est arrivée se mélange à celle arrivée à un ami à toi ou que tu as vue ou entendue… C’est ce magma qui permet de trouver la fiction dans le réel. »
Ce sont, donc, des histoires courtes mettant en scène des personnages qui se dévoilent au fur et à mesure ; qui nous parlent, à nous autres lecteurs, car tellement incarnées et proches du réel ; qui sont si diversifiées qu’elles nous permettent de nous y identifier, nous y retrouver ; qui saisissent parfaitement la nature humaine… Ce sont des histoires minuscules de jeunes, d’une jeunesse qui veut croquer la vie à pleines dents !
C’est avec un regard jeune et frais que les personnages embarquent, dans leurs pérégrinations, avec eux le lecteur qui [re]découvre certains lieux de la capitale. Une flânerie se déroulant dans un mouvement rectiligne. Racontant, principalement, des faits survenus quelque part à Alger à des jeunes et moins jeunes, des hommes et des femmes. Ce sont des situations du quotidien : les problèmes de loyer, la découverte de la vie nocturne d’Alger, les amourettes de jeunesse… Ce sont également des références à des événements qui ont marqué le pays : la décennie noire, le tremblement de terre de Boumerdès… Une mise en scène de tranches de vie parfois heureuses, parfois douloureuses.
Un livre promenade…
Les nouvelles qui composent ce recueil ressemblent à une cartographie de la ville. Elles s’agencent comme une sorte de promenade où chaque personnage « peut partager son expérience ou sa relation avec la ville avec le lecteur. Tout dépend des personnages. Il y a ceux qui connaissent l’endroit où ils vivent et souvent c’est la ville d’Alger ou sa banlieue Est ; et il y a d’autres qui ne connaissent pas et partagent avec le lecteur ce labyrinthe et sa confusion », m’affirme Salah Badis.
Cette balade est nécessaire pour lui. Elle permet, selon lui, de réconcilier les Algériens avec leur lieu de résidence. « J’essaye, dans mon écriture, de montrer que beaucoup d’Algériens ont une relation complexe avec le lieu. Cela ne veut aucunement dire qu’il n’existe pas de relation. Il faut trouver l’équilibre pour décrire cette relation. Je suis une personne qui aime tout ce qui est carte, cartographie et toute représentation cartographique des territoires : dessinée ou écrite », m’explique-t-il.

Transgression langagière…
Quant à l’écriture ou au style, accessible et sans fioritures, l’on note la présence, par petites touches, de la dardja. Une explosion, voire une transgression, des règles de l’écriture voulue par l’auteur.
Dans le cas de ce recueil, le recours à la dardja s’impose, car c’est la langue des personnages. « J’écris sur des gens vivant en Algérie. L’Algérie des années 2000-2010, donc ça touche directement le langage utilisé par eux. Tout dépend de leur couche sociale, du milieu dans lequel ils vivent et évoluent, le lieu (banlieue, centre ville…) », argue-t-il.
Cette explosion de l’écriture n’alourdit en aucun cas le texte. Car dans son travail (ou exercice) d’écriture, Salah Badis n’a pas noyé son écrit avec la dardja. Tout est une question de dosage. « J’ai essayé de garder un équilibre entre le dialogue et la narration, entre l’arabe classique et la dardja, entre la description et la narration aussi. »
Singularité
Neuf nouvelles, neuf ambiances différentes. La spacio-temporalité en est le lien. Des voix multiples racontent et portent ces histoires. Il ne pouvait être autrement. Au début, une impression d’unicité des voix se fait sentir. Une voix monocorde, unique, dupliquée sur chaque nouvelle. Mais au fil des histoires, cette multiplicité se fait plus présente, plus pressante. Plusieurs narrateurs se succèdent dont la plupart utilisent le pronom personnel « je ». Une manière de personnaliser, voire personnifier la trame, les faits…
Car comme le déclare l’auteur, « chaque nouvelle a un ton différent vu que le personnage change. Ce qui est semblable dans toutes ces histoires : c’est l’atmosphère qui s’en dégage. Une atmosphère d’une ville, d’une vie qui est finie avec le 22 février 2019. » A compter de cette date, une autre page s’est ouverte, de nouveaux liens se sont tissés et beaucoup d’autres histoires sont à raconter…
A. I.
« هذه أمور تحدث » de Salah Badis. Recueil de nouvelles, 144 pages, éditions Al-Mutawassit, Milan, Italie, 2019. Prix : 700 DA.
Biographie de Salah Badis
Auteur, traducteur, poète et journaliste, Salah Badis est né en 1994 à Alger. En 2016, son premier recueil « ضجر البواخر » (bruit des bateaux) parait aux éditions Al-Mutawassit en Italie. Il traduit, en 2018, le roman, De nos frères blessés, de Joseph Andras (2016, Acte Sud, France/ Barzakh, Algérie). En 2019, il traduit le récit Congo d’Eric Vuillard (2012 Acte Sud), paru en Algérie aux éditions Barzakh, dans une version bilingue. Il a participé à une résidence d’écriture dans le cadre du programme IWP à l’université de l’Iowa (USA) où il a achevé l’écriture de son recueil de nouvelles « هذه أمور تحدث » paru en 2019 aux éditions Al-Mutawassit. Salah Badis vit et travaille à Alger.
Son blog : https://salahbadis.blogspot.com
En savoir plus sur Algérie Littéraire
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Wonderful goods from you, man. I’ve understand your stuff previous to and you’re just extremely great.
I actually like what you have acquired here,
certainly like what you are stating and the way in which you say
it. You make it entertaining and you still take care
of to keep it sensible. I can not wait to read much more from you.
This is actually a great site.
My webpage :: Family Questions?
J’aimeJ’aime
Thanks for sharing your thoughts on 5. Regards
J’aimeJ’aime
Thanks very interesting blog!
J’aimeJ’aime
très passionnant
J’aimeJ’aime